Le ridicule ne tue pas

Il est 5 heures, Paris s’éveille. Dyeux aussi. Il-elle s’étire, ça fait du bien. Elle-il jette un coup d’oeil à sa boîte mail : quelles sont les premières prières du jour ? Tiens, là-bas sur Terre, une Française fatiguée lui envoie une curieuse supplication : « Mon Dieu, je vous en supplie, faites que le ridicule tue ! Merci« .

« Et pourquoi pas, se dit Dyeux ? Voyons, contre les épouvantards, Riddikulus fait merveille ; après tout, les humains sont des sortes d’épouvantards, essayons… RIDDIKULUS ! »

Là-bas, sur Terre, dans sa cuisine une quadragénaire s’effondre silencieusement tandis que sa galette de céréales matinale crame paisiblement dans la petite poêle en tôle noire. Les minettes finissent leurs croquettes et partent faire la sieste, elles n’ont rien remarqué. Dehors, c’est pourtant le grand chambardement, mais ça ne fait guère plus de bruit que d’habitude, à leurs oreilles de minettes.

La scierie voisine continue de couiner, elle ne se taira que quand le courant sera coupé : quand ? Sur l’autoroute, c’est plus chaud : camions et automobiles s’encastrent les uns dans les autres, d’autres quittent la route, des incendies éclatent… La même scène se produit sur toutes les routes et rues du monde, à travers villes et campagnes. Les avions tombent, les trains déraillent, se rentrent dedans, explosent, défoncent les gares terminus… Les incendies se propagent aux habitations, aux forêts, aux cultures… Seuls les bateaux continuent de voguer, s’abandonnant aux courant quand leurs réserves de fuel sont épuisées, avec pour seuls passagers les oiseaux de mer repus de la chair des cadavres. Sur tous les continents, les usines, incontrôlées, s’emballent, chauffent et explosent, ou tombent en panne.

Les humains sont tous morts, à l’exception des bébés qui hurlent, épouvantés. Mais leur calvaire ne durera pas. Rapidement, les centrales nucléaires s’emballent à leur tour, provoquant 440 accidents de type Tchernobyl à travers le monde. Par la grâce des courants aériens et de la répartition harmonieuse des réacteurs, la planète est maintenant entièrement irradiée…

« Merde, se dit Dyeux, j’ai dû faire une connerie… »

(le 17/7/8)